Né en 1981 à Kaffrine, au Sénégal, Daouda Ba manifeste très tôt une sensibilité artistique singulière. Dès l’école maternelle, il se passionne pour le dessin et le collage, une pratique qui deviendra la marque de son langage plastique. Autodidacte, il s’imprègne du quotidien, des contrastes urbains et de l’environnement social qui l’entoure. Son engagement pour la préservation de l’environnement et son regard critique sur les inégalités sociales nourrissent une œuvre profondément ancrée dans la réalité contemporaine africaine. Membre de l’association AM’Art, il participe à des initiatives artistiques luttant contre les injustices sociales et valorisant la créativité locale. Son travail est aujourd’hui reconnu et présent dans plusieurs collections prestigieuses, notamment la collection Eiffage Sénégal (Sunu Dekk, 2022) et la Fondation Blachère (France).

Le style de Daouda Ba se distingue par une esthétique du recyclage et de la reconstruction. À travers une technique minutieuse de collage et de peinture sur bois réalisé sur des plaques de cagettes de fruits et légumes, il explore la matérialité des rebuts et leur potentiel poétique. L’artiste assemble cartons, papiers d’emballage, affiches ou fragments d’étiquettes, qu’il agence dans des compositions architecturales vibrantes de couleurs. Ses tableaux, de petit format, révèlent des paysages urbains où cohabitent les quartiers populaires et les immeubles modernes, évoquant la fracture sociale et les paradoxes du développement.

Dans ces œuvres, l’œil du spectateur est attiré par la juxtaposition entre la précarité des matériaux et la rigueur de la construction visuelle. Le carton ondulé devient toiture, la typographie industrielle se mue en signal visuel, les surfaces abîmées deviennent matière picturale. Ce dialogue entre récupération et création traduit une vision lucide du monde urbain africain : un espace en mutation, oscillant entre espoir et désordre.

Daouda Ba appartient à une génération d’artistes sénégalais pour qui l’art est un moyen d’observer, de questionner et de réparer symboliquement la société. En magnifiant les matériaux rejetés, il fait émerger la beauté là où le regard ne voyait que déchet — un acte à la fois esthétique et politique.