Bara Ndaw est un peintre sénégalais né en 1959 et disparu prématurément en 2020. Figure discrète mais essentielle de la scène artistique de la Petite Côte, il a vécu et travaillé à Saly, où il a marqué plusieurs générations d’artistes par sa présence chaleureuse et sa manière unique de peindre la matière. Très diffusé au Sénégal et à l’étranger, il a participé à faire connaître une peinture profondément enracinée dans la culture africaine, tout en développant un langage plastique singulier. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections particulières et ont souvent circulé sur le marché de l’art international, notamment grâce à leur forte identité visuelle et leur puissance expressive.

Artiste d’atelier mais aussi homme de rencontre, Bara Ndaw s’est nourri des scènes de vie locales, des récits et des symboles des traditions ouest-africaines. Il peignait pour dire la beauté du quotidien, les liens communautaires, la mémoire des ancêtres et le souffle spirituel du monde rural sénégalais. Son œuvre témoigne d’un profond attachement à son environnement : les marchés, les conteurs, les figures mythiques ou les silhouettes de la savane s’y côtoient dans un dialogue constant entre le réel et le surnaturel.

Sa technique, qu’il a lui-même façonnée, repose sur un travail de la matière avant la couleur. Bara Ndaw appliquait sur la toile une pâte épaisse, presque sculptée, qu’il façonnait directement du bout des doigts ou à la spatule avant qu’elle ne sèche. C’est dans cette matière encore souple qu’il dessinait ses figures et leur donnait vie. Ce n’est qu’ensuite qu’il venait rehausser la surface de couleurs chaudes : ocres, rouges, ors et verts terreux, qui confèrent à ses tableaux une vibration lumineuse et une chaleur humaine très particulières.

Peintre de la matière et du symbole, il laisse une œuvre sincère, profondément enracinée dans la terre sénégalaise et ouverte à l’universel. Sa disparition prématurée a interrompu une recherche picturale d’une rare originalité, mais sa peinture continue de rayonner, à l’image de la lumière de la Petite Côte qu’il n’a jamais cessé de célébrer.