Mamadou WADE est né à Mekhé (région de Thiès) au Sénégal en 1944. Il est arrivé très tôt à l’art, à quinze ans à peine, du temps de la Maison des Arts du Mali (1959), puis de l’Ecole des Arts du Sénégal (1960). Quatre années durant, il s’initie aux différentes techniques et disciplines du métier. Il n’y perd pas de temps et obtient son diplôme en 1963, faisant ainsi partie des toutes premières promotions sénégalaises d’artistes plasticiens formés au pays même.
Chance exceptionnelle, pour les besoins du projet de Senghor et de Papa Ibra Tall de création d’une tapisserie nationale, pour laquelle il fallait des techniciens sénégalais en lice, il est choisi, avec trois autres camarades, Doudou Diagne, Alioune Diakhaté et Mar Fall, et envoyé en formation à la Manufacture des Gobelins en France. Il y séjourne deux ans. A son retour avec ses camarades de promotion, ils sont affectés à la Manufacture nationale de tapisserie, transférée la même année à Thiès. Là, il participe, de 1966 à 1970, à la formation des techniciens en lice, en qualité de maître formateur.
En 1970-1971, il effectue un second stage en tapisserie, cette fois à l’Ecole des Beaux-arts d’Aubusson et réintègre la Manufacture à la fin de son stage et y reste jusqu’en 1978.
Il a ainsi, pendant près de quinze ans, contribué à la formation de nombreuses promotions de techniciens de tapisserie, en même temps que des artistes peintres ; parmi eux Ngalla Cissé, Kalidou Kassé, Mbaye Moké Traoré, Papa Dieng, etc. Mais aussi, l’artiste plasticien a tiré profit de sa présence dans cette unité de production, embryon et première forme d’industrie culturelle nationale, avant même la création du concept. Il a en effet fait tisser plusieurs de ses œuvres. Ses nombreuses tapisseries, réalisées à Thiès, sont disséminées tant dans le pays qu’à l’étranger.
En 1978, il repart pour Moscou où il entame un nouveau stage à l’Institut Sorikov, en compagnie de deux jeunes artistes sénégalais, El Hadj Mboup et Serigne Tacko Diongue. Mais il ne reste là que pendant trois ans, au lieu des sept requis pour obtenir le diplôme. De Moscou, il préfère se rendre à Bruxelles pour intégrer l’Académie royale des Beaux-arts de Belgique, où la formation en décoration monumentale était assurée en quatre ans au lieu des sept ans à Moscou. Il y séjourne jusqu’en 1986, année au cours de laquelle il obtient son diplôme et revient au pays.
Il est affecté cette fois au ministère de la culture, où il assume des tâches de gestion, d’abord auprès du Chef du personnel, puis à l’Ecole des Beaux-arts.
Après la formation et les activités pédagogiques exercées aux Manufactures sénégalaises des arts décoratifs, Wade amorce alors une nouvelle phase de sa carrière, celle qu’il consacre à l’administration et à la gestion de la culture et de l’art. Car de l’Ecole des Beaux-arts, il est réaffecté, au bout d’un an, au ministère de la culture, précisément à la division du Fonds d’aide aux artistes et au développement de la culture de la Direction des Arts. De là, il est envoyé, sur la demande de son directeur, au Musée dynamique en 1986-1987 ; il collabore avec celui-ci jusqu’à la fermeture, en 1990, de ce musée. Il rejoint alors la Galerie nationale d’art, dont il est chargé de la gestion de la salle d’exposition. A la fin de cette année 1990, il introduit une demande de déflation, c’est-à-dire, comme on le disait à l’époque, son « départ volontaire de l’administration ». Depuis lors, Mamadou Wade est un artiste indépendant, qui vit de son art.
Membre de l’Association nationale des artistes plasticiens du Sénégal (ANAPS), il s’est impliqué à double titre aux différents salons de cette association, en tant qu’artiste et parfois en qualité d’organisateur.
Mamadou Wade aura ainsi assumé, de 1965 à 2004, soit quarante années de sa vie, des fonctions diverses, mais toujours au service de l’art ; car chacune des fonctions précédentes concerne l’art de quelque manière : le formateur, l’administrateur, le praticien, le galeriste et le gestionnaire sont désormais des figures différentes de ces professionnels modernes reconnus comme serviteurs de l’art. Mamadou Wade a fini par imposer sa polyvalence au service de l’art, en même temps qu’il continue inlassablement de créer.
MAMADOU WADE